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Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/11

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— Je veux bien. Kiné ! Mais ouvre encore plus ta main. Que tu es mystérieux !… Ah !!!

Et Charlot vit alors un miracle de prudence se réaliser. Trois feuilles minces de papier toutes couvertes d’écritures, sortirent peu à peu d’une cachette très habilement pratiquée dans le cuir. « Oh ! Perrine, Perrine, quelle finesse était la sienne en toutes occasions difficiles ! » soupira Charlot.

— Ta sœur aux cheveux de lumière, à la tête aussi sage que celles de nos vieux guerriers. Qui aurait pensé à si bien cacher tout cela. Ah ! Mon frère ne m’écoute plus ? Qu’il lise ! Qu’il lise ! La nuit va bientôt venir. »

Et Kinaetenon se mit à préparer plus loin le repas du soir, un morceau d’orignal qu’il fit rôtir longuement dans la braise d’un feu qui achevait de s’éteindre au milieu de la tente. Voici, ce que Charlot dévorait, les joues en feu, les yeux souvent mouillés de larmes de tendresse.

Mon frère chéri.

Je veux d’abord te presser sur mon cœur, te dire toute mon affection, que ton absence rend parfois si douloureuse. Mon aimé, tu devines mes angoisses, l’inquiétude folle qui me torture sans cesse, tu as été malade, tu as été mourant, et cela loin, bien loin de moi… Mais, grâce au ciel, non, tu n’es pas mort, non, non tu ne l’es pas, la Providence ne