Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/122

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— Feinte, sans doute ! s’exclama Charlot.

— Oui, feinte, car… que mon frère me suive, près des premiers arbres de la forêt, il y verra des traces de pas, si nombreux et si rapprochés, que l’on voit bien qu’il dut y avoir là une grosse lutte. »

En effet. Et de plus, Charlot aperçut une des belles plumes grises de perdrix dont avait voulu se décorer la tête la jeune Algonquine, le matin même… ! Il la ramassa en soupirant, la mit à sa ceinture, puis ses poings se crispèrent.

« Mes amis, partons, partons tout de suite, de grâce, ou… je ne vous attends pas. Qu’il advienne de moi ce qu’il pourra, mais Lis-en-Fleur sera sauvée, je vous le jure. Ce Huron ne l’emportera pas ainsi.

— Bien, nous partons avec notre frère, dit avec calme l’Algonquin dont les yeux se chargeaient d’éclairs cependant.

L’on marcha en suivant la grève. De temps à autre des traces de pas se voyaient. Mais l’on n’y distinguait pas le pied d’une femme. Il était clair que pour ne pas retarder cette fuite précipitée, les deux sauvages avaient pris leur parti et s’étaient résolus à transporter la jeune fille à tour de rôle sur leur dos.

Vers minuit, des nuages couvrirent la lune. On ne pouvait avancer davantage sans danger.