Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/133

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très loin d’ici. Que ferait mon frère, si on l’attaquait ?

— Bah ! on s’abuse peut-être. Nous les aurions rencontrés, nous aussi, si cela était.

— Puisse mon frère dire vrai !

— Et nos Hurons ? Les a-t-on vu, au Fort.

— Non. Seulement un des soldats a aperçu un canot qui fuyait avant-hier, au petit matin, et dans ce canot semblait se débattre une femme sauvage…

— Dans quelle direction filait ce canot ?

— Vers Montréal.

— Les misérables ! Traiter ainsi une pauvre et faible fille, sans défense !

— Bah ! repartit philosophiquement l’Algonquin, Lis-en-Fleur pouvait bien s’attendre un jour ou l’autre à être ainsi enlevée… Seulement, elle eût préféré l’être par un de sa race, pour sûr.

— Mon frère croit-il que Lis-en-Fleur aimait quelqu’un, là-bas, à son wigwam des Trois-Rivières ? » Beaucoup d’inquiétude se devinait dans la voix basse de Charlot.

L’Algonquin sourit, puis hocha la tête.

— Mon frère connaît bien Lis-en-Fleur pourtant. Regarde-t-elle avec plaisir tout autre que mon frère français ? Chez nous, aux Trois-Rivières, c’était une fille farouche, silencieuse, très fière… Elle semblait n’aimer personne autre que la seconde femme de son père.

— Merci, mon frère, pour ces renseignements,