Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/134

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qui ne me rendent que plus résolu à courir sus aux ravisseurs de Lis-en-Fleur.

— Avec le Huron ?

— Avec qui voudra m’accompagner. Et puis mon bon ami algonquin sait bien que ce Huron, comme ces deux autres compagnons en fuite, projetait de se rendre à la fin de ce printemps à la Mission de Saint-Joseph, là-bas, là-bas, sur les bords des grands lacs. Leurs parents convertis y demeurent maintenant.

— Oh ! oh ! mon frère irait jusque là ?

— Jusque là ? Jusqu’au bout du monde, s’il le fallait !… Ma fierté de français et de soldat, mon cœur, tout, tout est engagé en cette partie. Je la gagnerai, ou… ou je périrai.

— Et la sœur du bouillant visage pâle qui attend, elle aussi, aux Trois-Rivières ? Mon frère l’oublie ?

L’Algonquin se levait en disant ces mots. Il plaçait ses mains sur les épaules de Charlot tout en le considérant attentivement. Il le vit tressaillir :

— Non, je n’oublie pas ma sœur, non, non, fit Charlot en repoussant le sauvage, avec impatience, chagrin et confusion…

— Alors ? fit l’Algonquin, en reprenant le bras de Charlot. Mon frère blanc va revenir avec moi aux Trois-Rivières, n’est-ce pas ?