Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/135

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— Hélas ! gémit le pauvre Charlot, hélas ! non… J’ai une trop grande affection pour ma sœur algonquine… je… je ne puis plus vivre sans elle… Que mon frère écoute maintenant ce que je veux lui dire… en peu de mots… Qu’il se charge de ce message écrit sur de l’écorce. Qu’il le remette fidèlement à ma sœur… Puis, qu’il parte… et sans retourner la tête… À l’automne, avant peut-être, je descendrai bien à mon tour aux Trois-Rivières…

Charlot, quelques heures plus tard, se retrouvait seul dans les bois. Il y avait donné rendez-vous pour le lendemain, à l’aube, au Huron demeuré à Richelieu, avec lui. Celui-ci avait désiré pénétrer au Fort, avant le départ, afin d’avoir des provisions nouvelles sans trop de peine. Charlot y avait consenti, assuré du silence du sauvage qui désirait au plus tôt, lui aussi, rejoindre ses compagnons sauvages, quoique pour un tout autre motif que le jeune homme. « Somme toute, les choses n’allaient pas trop mal ! » se disait Charlot, en soupirant bien un peu, le cœur partagé entre l’amour fraternel et l’amour… tout simplement, qui naissait en son jeune cœur fervent.

À Montréal, où l’on abordait six jours plus tard, Charlot ne voulut voir personne d’autre que l’interprète Charles Le Moyne. Il l’avait connu au Fort des Trois-Rivières et s’était beaucoup plu en sa société. Quelle tête bien d’aplomb avait en toute occasion, ce Le Moyne. Charlot comptait sur les conseils de