Marie d’abord, puis…
— Là, là ! Vous vous rendez loin, en effet. Tout de même ne refusez pas de me suivre. Il se trouve au Fort, en ce moment, un de vos amis les plus chers ?
— Vraiment ? Il y a si longtemps que je n’entends ainsi parler d’amis chers ? Qui est-ce, Le Moyne ?
— Thomas Godefroy de Normanville.
— Je ne puis le croire.
— Mais oui, mais oui.
— Que fait-il là, Normanville, lui un habitant des Trois-Rivières, en ce lointain Ville-Marie ?
— Qu’y fais-je moi-même ? répliqua vivement et en souriant Le Moyne. Et vous donc, Le Jeal ?
— Vous me voyez muet devant votre agréable logique. Vous ne changez pas d’humeur, Le Moyne. Toujours les choses vous apparaissent sous leur meilleur aspect.
— J’y ai bien quelque mérite, je crois, en ce coin sanglant.
— Mais parlez de Normanville.
— Oui, cet ami de votre enfance, puis de votre jeunesse, a accepté d’acheter une concession à Montréal. Il y fera de fréquents séjours durant la belle saison.
— Vous m’étonnez. Mais enfin deux nobles cœurs comme Maisonneuve, votre gouverneur, et Godefroy de Normanville, sont dignes de s’entendre ! Allons, je vous suis. Revoir mon