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À RICHELIEU

(Suite)

Une heure passa. Normanville se rapprocha en souriant du dormeur qui commençait enfin à bouger. Le réveil était imminent. Soudain, le gobelet d’étain que les doigts crispés de Charlot avaient retenu jusqu’ici tomba sur le plancher avec un bruit sonore.

Charlot eut un sursaut, puis se mit sur son séant. Il regarda quelques instants autour de lui ; ses yeux se fixèrent, un peu étonnés, sur Normanville. Les brumes du sommeil le tenaient encore. Le bon rire de Thomas Godefroy de Normanville lui fit recouvrer sa lucidité.

Il fut debout. Avec un mouvement de joie et de vive affection, il lui donna l’accolade.

— Bravo ! M. de Normanville. Vous voilà hors des griffes de ces tigres !

— Comme tu le vois, Charlot. Mais il paraît que tu avais créé un plan superbe en vue de ma délivrance…

— En effet. Et je ne sais ce qui m’a pris soudain. Un sommeil de plomb m’a terrassé… Qui donc vous a sauvé ? Le Moyne me promettait, pourtant, hier soir, de me prévenir dès l’aube.

— Ne t’en prends à personne, mon ami, car personne n’a eu à intervenir à mon sujet. Messieurs les Iroquois me remettaient eux-