Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/149

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mêmes en liberté ce matin, en échange bien entendu des deux sagamos que Le Moyne avait eu l’habileté de retenir en otages, hier soir.

— Ce brave Le Moyne ! Quelle tête fertile que la sienne et bien d’aplomb ! cria Charlot avec enthousiasme.

— Chacun voudrait en dire autant de la sienne, n’est-ce pas Charlot ? remarqua en riant Normanville, qui considérait avec attention le jeune homme.

— Sans doute, sans doute, fit celui-ci, un peu distraitement. Soudain, il leva la tête et aperçut le regard profond que Normanville jetait sur lui. Il rougit légèrement, puis se redressa.

— Vous me retrouvez différent, n’est-ce pas, mûri, un peu assagi, j’espère, endurci par la vie pénible menée chez les Agniers où j’occupais le poste peu glorieux d’esclave. Ah ! n’eût été la fidèle amitié de Kiné, je me serais cent fois découragé… et peut-être en aurais-je fini avec la vie… acheva Charlot, avec un peu d’amertume.