Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/152

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— Qu’est-ce que tu ne sais pas encore, enfant ?

— M. de Normanville, je ne puis retourner aux Trois-Rivières, je ne puis non plus demeurer ici, dit Charlot, avec fermeté, mais en détournant les yeux.

— Ah ! fit Normanville en fronçant les sourcils. Mais il ne voulut pas forcer les confidences du jeune homme.

Le silence régna durant quelques secondes. Normanville s’affaira près d’un garde-manger.

— Charlot, demanda avec intérêt l’interprète, as-tu pris suffisamment de nourriture depuis ton arrivée ? J’ai ici un reste de pâté de venaison… puis un peu d’excellent vin d’Espagne.

— Non, merci, je vous assure. On m’a traité royalement cette nuit dans la chambre de M. de Maisonneuve. Vous m’avez vu en mains tout à l’heure, l’excédent d’un bon repas… Votre pain est excellent au Fort. Ah ! je crois que c’est le pain qui m’a semblé le meilleur mets à retrouver, après tous mes jeûnes forcés chez les Iroquois.

— Hâte-toi d’oublier tout cela. Nous te ferons faire bombance, d’ailleurs, ici, puis… aux Trois-Rivières, dit encore en hésitant et sans regarder Charlot le bon Godefroy de Normanville.

M. de Normanville, je vais vous causer à tous beaucoup de chagrin, car… Allons, allons, ne me regardez pas ainsi. Votre sourire est forcé, je le vois bien… Et puis, pourquoi es-