Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/153

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quivez-vous toutes les questions que vous pourriez si bien poser ?

— Non, mon petit. Tu te méprends. Je n’esquive rien ! J’aimerais, au contraire, que ta confiance de jadis se réveille. Dis-moi tout, va. Cela te fera du bien. Et si tu veux d’un conseil ?

— Tout sera bientôt avoué, reprit Charlot, qui jouait machinalement avec un pistolet non chargé. Il venait de vérifier tout cela. Oui, des mots simples, brefs, clairs, vont tenir lieu un moment de ce qui me brûle tout l’être, pourtant…

— Va droit au but, petit. Ne bats pas ainsi les buissons.

M. de Normanville, j’aime, avec toute la chaude tendresse de cœur dont je suis capable. J’aime une petite Algonquine, au noble cœur, au front hautain, à la grâce si touchante. Je l’ai surnommée Lis en-Fleur…

— Je sais cela, du moins, dit en souriant l’interprète.

— Comment ? Vous ne pouvez savoir cela, voyons. Elle vient des Trois-Rivières, c’est vrai, mais vous ne l’avez sûrement jamais remarquée… Elle me l’a dit. Elle vous connaît, vous savez.

— Ne t’emballe pas. Tu t’es trahi tout à l’heure, en rêve, voilà. Son nom est venu si spontanément sur tes lèvres, que toute ta figure en a rayonné. Ma parole, tu m’as fait revivre mes vingt ans…