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VII

AU PAYS DES HURONS


Normanville avait prévu juste. « Le 24 d’avril partit des Trois-Rivières le canot de Chastillon pour aller aux Hurons, dans lequel il était avec deux sauvages chrétiens : René Oheraenti et Michel… »

L’on débarquait sur les rives de Ville-Marie l’avant-dernier jour d’avril. Les colons accourus manifestèrent leur joie. Les voyageurs n’avaient pas fait, Dieu en soit loué, de tragiques rencontres. La figure de Charlot resplendissait. Dès le lendemain, il allait donc pouvoir se mettre en route vers les lointaines terres des bords des grands lacs. Il s’empressait, tout joyeux, auprès de Normanville, occupé à décharger les bagages destinés à Ville-Marie, et à poser en même temps à Chastillon combien de questions au sujet des Trois-Rivières, des siens et… de Perrine.

Charlot trembla bien un peu d’émotion en entendant parler de sa sœur bien-aimée. Il redevint grave et silencieux. Normanville vit lui échapper une dernière et touchante tentative pour retenir le jeune homme auprès de lui. Au contraire, il constata sur la figure de Charlot, autour de la bouche dont les plis se durcissaient, sur son front où une barre rigide se formait, une résolution inébranlable, décidé à surmonter tous les chocs pénibles du cœur, sauf