Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/171

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que la droite traçait sur le front assombri du jeune soldat le signe de la croix. Un sanglot monta à la gorge de Charlot. Il se releva vivement, puis s’enfonça bientôt dans le bois avoisinant.

Le lendemain de ce départ un peu précipité, semblait-il à tous, un beau soleil répandait partout sa lumière et sa joie. Un vent frais soufflait doucement. Charlot, dès l’aube, avait quitté la Maison Sainte-Marie. Il avait erré au hasard dans la forêt. L’on avait parlé d’une journée de pêche fructueuse à entreprendre : mais le jeune homme ne se souciait pas de faire partie du groupe des canotiers. Il ne s’expliquait pas pourquoi, mais son âme s’agitait et vibrait. Il sentait rôder autour de tout son être l’ombre d’un malheur prochain… Il cherchait à secouer cette impression d’ailleurs depuis la veille au soir, sans succès, hélas !

Il s’entendit tout à coup appeler par un des serviteurs dévoués des Jésuites. Un peu contrarié de cette poursuite indésirable, le jeune homme feignit d’abord de ne pas entendre. Puis, il se ravisa. Ne fallait-il pas être raisonnable et tourner le dos à la solitude comme aux rêves vains et douloureux ? Il se prit à siffler doucement, en se dirigeant vers le messager