Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/177

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appliqués pour faire dresser une petite chapelle à l’honneur de saint Joseph…[1]

— Jean, Jean, repris-je, en tressaillant, car je ne sais quel froid subit pénétrait jusqu’au fond de mon cœur, pourquoi parler ainsi, je suis près de vous, vous savez, heureuse, confiante…

— Perrine a raison, reprit le Père Buteux, il faut de l’espoir, du sourire autour de votre affection que Dieu bénit, et moi aussi… » Puis le Père s’éloigna.

— Allons, allons, s’exclama alors Jean en secouant doucement mon bras qu’il passa ensuite avec tendresse sous le sien, il ne faut pas, Perrine, prendre toutes choses avec cette sensibilité alarmée… Vous devenez facilement la proie de la mélancolie, mon amie…

Hélas ! Charlot, n’avais-je pas raison de protester, de frémir, de me plaindre… Et pourtant, oh ! que tout mon être était loin de s’attendre au deuil affreux, à la douleur poignante du lendemain… Je pleure, Charlot… je pleure en ce moment, tout comme si tu étais près de moi à m’écouter. Mais que mes larmes sont lourdes… elles se pressent, elles glissent malgré moi ! Jean, Jean, me vois-tu, toi, en cette agonie du cœur qui dure depuis trois semaines… elle me brise, elle me courbe tout l’être… Frère, si au moins tu étais ici ! Jean et toi, vous êtes si bien la respiration même de mon cœur… Ne revien-

  1. Paroles authentiques de l’interprète Amyot, peu avant sa mort. Amyot avait une dévotion extraordinaire pour le patriarche saint Joseph.