Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/178

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dras-tu pas bientôt ?

Mais je veux reprendre le récit du calvaire que j’ai gravi…

Le 23 mai fut une journée d’apparence assez orageuse. Toute la matinée, de gros nuages, accompagnés de vent, se reflétaient sur la surface houleuse du fleuve. Jean vint me saluer un moment vers midi. François Marguerie l’accompagnait. Il s’était incliné aimablement devant moi, puis retiré à l’écart. Je montrai de la surprise.

— Jean, où donc allez-vous, avec le chef des interprètes ?

— À une expédition d’une couple d’heures, peut-être. Un groupe d’Algonquins nous attend de l’autre côté du fleuve.

Je fus aussitôt toute inquiétude. « Que dites-vous là, Jean ! Vous n’allez pas, François Marguerie et vous, traverser le fleuve. Le temps est loin d’être sûr.

— Mais non, Perrine, voyons, tout se calme, tout est calme, je vous assure…

— Et si le vent reprend, si…

— Ah ! ah ! ah ! se mit à rire de bon cœur Jean, que deviendrions-nous en ce pays, s’il nous fallait ainsi mesurer chaque geste… À la grâce de Dieu, mon amie !