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Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/39

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plutôt qu’entre d’autres.

— Ah ! ah ! ah ! c’est vrai. Ah ! bien, c’est parce que je l’ai si bien battue, cette captive, moi et moi seule, et durant si longtemps, que j’en ai obtenu un gémissement en même temps qu’elle s’évanouissait à mes pieds. C’était sa première plainte, vois-tu, et ce collier qu’elle avait présenté pour racheter sa vie avait été l’enjeu choisi par les vieux sagamos du camp pour lui trouver à la place de la mort, un maître ou une maîtresse. Ah ! ah ! ah ! si tu voyais avec quel effroi elle me regarde, depuis qu’elle est revenue à elle et a appris qu’elle m’appartenait. Ah ! ah ! ah !

— Si tu la maltraites trop, elle ne te sera d’aucune utilité, dit Kinaetenon en haussant les épaules. Vois-tu, ma sœur, la colère, la méchanceté prennent toujours le dessus chez toi. Je ne me rappelle que trop notre enfance…

— Bah ! je saurai varier coups et bons soins. Mais une recommandation. C’est pour cela que je suis entrée ici, où tout me déplaît, me dégoûte, me fait rager… Si jamais ton esclave, entends-moi bien, si jamais ton esclave se mêle de ce qui se passe sous ma tente, au sujet de cette fille, en quoi que ce soit, et quoi qu’il entende ou voie, je le tue comme un chien, comme son chien que j’ai tué ce matin… Compris, Kiné ? J’ai dit. Bonsoir. »

Et la mégère, faisant sonner avec fracas les grains du collier, sortit en maugréant et en montrant le poing à Charlot, toujours immo-