Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/73

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elle rejetait le petit cadavre et se saisissant d’une longue tige de fer, elle la leva sur la tête de la jeune fille qui esquiva le coup avec peine. Elle vint retomber près de Charlot. Il lui murmura aussitôt très bas : « Tâche de sortir, de fuir… Voyez Kiné… qu’il vienne. Vite, cette femme vient de m’apercevoir. C’est le bon temps. C’est à moi qu’elle va s’en prendre… Si Kiné n’est pas entré, à la grâce de Dieu ! mais fuyez ! »

Charlot ne se trompait pas. « Que fait ici, cet avorton de Français, demanda la femme sauvage à son mari ? Ça n’est pas toi au moins, qui l’as traîné ici. Renvoie-le où tu l’as pris. Tout de suite. Détache-le. Je ne puis souffrir sa vue, tu le sais. »

— Le renvoyer où je l’ai pris ? Ma pauvre femme, il était ici quand je suis entré… Qu’y faisait-il ? Demande-le lui.

— Qu’est-ce que tu dis là ? Tu mens, tu mens.

— Non, c’est la vérité. Demande-le lui, te dis-je.

— Oh ! alors, la fripouille, il va voir, il va voir ! »

La mégère se saisit de deux longues lanières de cuir garnies de clous et tomba à bras raccourcis sur Charlot. Elle hurlait, sifflait, vociférait, bondissait de côté et d’autre, et frappait, frappait… Charlot tomba. Son sang ruisselait de toutes parts. Ce spectacle était si horrible