Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/88

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de vouloir ainsi nous épargner la torture que nous feraient si bien subir les tiens, dit simplement Lis-en-Fleur, en se redressant toute, avec son beau courage.

— Algonquine, ce n’est pas toi que je voulais sauver. C’est mon ami. Mais comme il t’aime et souffrirait mille morts dans son cœur si tu n’étais pas près de lui, je te fais fuir à ma place.

— Alors, nous n’avons plus rien à nous dire, frère. Ceci, cependant, vous me sauvez par amour pour mon frère français n’est-ce pas ? Eh bien, moi, en retour, je promets de veiller sur lui aux dépens de mes forces, de ma vie, à cause de l’amour qu’a pour lui mon frère iroquois. Mon frère ne me croit pas ? Pourquoi sourit-il aussi tristement ?

— Je te crois, Algonquine… Mais si je souris, c’est que je sais bien qu’en ton cœur, tout comme dans le mien, brûle une flamme ardente pour Charlot.

— Kinaetenon, ceci me regarde seule, » interrompit l’Algonquine un peu hautaine et en baissant la tête. « Allons, fit-elle en se remettant, que mon frère prépare tout ! Je vais lui aider.

— Non, ma sœur va s’enfuir. Elle restera seule jusqu’à la première croisée des routes, dans la forêt. Je l’y suivrai une demi-heure plus tard, tout au plus. Charlot doit être pansé de nouveau. Il prendra un peu de tisane, il le faut. Sa fièvre va passer. C’est