Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à craindre. Dans deux jours d’ici, il sera sur pied. Tu connais d’ailleurs son courage, son endurance… Donc, vous allez tout de suite fuir, tous les deux. Dans une heure, la neige tombera abondamment, malgré le beau clair de lune trompeur qu’il fait en ce moment. Et tu sais que je ne fais guère d’erreur là-dessus.

Cette neige servira à dépister les recherches, demain, lorsque je ne pourrai plus cacher votre départ… Mais te sens-tu la force de conduire la traîne chargée de Charlot et de provisions suffisantes pour vivre une semaine ? Le temps, n’est-ce pas, que mettra Charlot à refaire ses forces, avant de pouvoir chasser et pêcher pour subvenir lui-même à vos besoins. Te sens-tu la force, aussi, de t’enfuir au pas de course, aussi longtemps que tu le pourras ? Tu prendras la forêt, à droite du camp. Tu t’enfonceras dans les broussailles. Toutes ces branches mortes par terre ne portent la trace d’aucun pas. Il faut tout utiliser. Et ne parle pas, ne cède pas aux supplications de Charlot, qui te verra courir, quand même tes mains, ton pied encore malade, ta figure seraient en sang. Qu’est-ce que ce supplice, hein, auprès des tourments du feu qui vous attendent, ici, tous deux ?

— Je suis prête à partir, mon frère. Merci