Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quatre longues heures. Son pied va se remettre. Et moi, de mon côté, je me rétablirai tout à fait. À vrai dire, la mégère iroquoise a laissé des marques solides sur mon pauvre corps… J’en suis gêné dans mes mouvements… Et puis, cette fièvre qui vient de me quitter m’a brisé les jambes… Allons, allons, soyons raisonnables tous deux… Attendons quelques heures ici… »

Charlot se retira un peu plus loin, et, tout en sifflotant avec beaucoup de douceur, se prit à tailler une petite branche d’arbre.

L’Algonquine ferma malgré elle les yeux. Elle sentait une sorte de torpeur envahir chacun de ses membres. Oui, il lui fallait compter avec sa lassitude, s’abandonner au sommeil. Quel calme régnait autour d’elle ! Et que l’air doucement chanté par Charlot, tout près, la berçait… l’enveloppait de sécurité… Mais la douce chanson se faisait maintenant lointaine… bien lointaine !

Dès que Charlot vit la jeune fille rendormie paisiblement, il se leva, fit quelques pas, appuyé sur un bâton noueux que Kinaetenon avait pu glisser près de lui.

Tout paraissait dans une paix profonde. Le chaud soleil de mars faisait vite fondre la neige, ci et là. À quelques arpents, le lac miroitait tout en faisant entendre sa rumeur des jours où soufflait une assez forte brise.