Aller au contenu

Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La première erreur commise par les Russes a été de ne pas apprécier à sa juste valeur l’importance primordiale que devait avoir le résultat de la lutte maritime. Pour les Russes, aussi bien que pour les Japonais, la mer représentait la ligne de communications. Celui qui parviendrait à en rester maître deviendrait de ce fait maître de la situation. Tant que les Russes auraient l’empire de la mer, les Japonais ne pourraient pas débarquer en Corée et en Mandchourie ; si, au contraire, le commandement de la mer appartenait au Japon, comment la Russie pourrait-elle envoyer à 8 000 kilomètres de distance des troupes en nombre suffisant pour lutter victorieusement contre une nation qui, par l’importance de sa population, disposait d’un réservoir d’hommes inépuisable ?

Si la Russie avait discerné « l’influence de la puissance maritime dans l’histoire », elle aurait évité les désastres qui ont porté atteinte à son prestige de grande puissance. Les hostilités furent précédées d’une guerre économique où tout l’avantage était de son côté. Les ressources du Japon étaient très limitées ; les sacrifices financiers que cette nation dut s’imposer étaient également répartis entre son armée et sa marine ; car, pour avoir le dernier mot, elle était obligée d’être vainqueur à la fois sur terre et sur mer.

La deuxième condition, seule, suffisait à la Russie qui, maîtresse de la mer, pouvait isoler le Japon de toutes relations avec l’extérieur et arrêter la vie économique du pays. Le problème qui se posait au gouvernement russe était donc d’entretenir en permanence, en Extrême-Orient, des forces navales sensiblement supérieures à celles des Japonais. Puisque la Russie avait des vues