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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/19

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franchir de cette servitude ; mais il se trouva alors que les deux bases d’opérations furent séparées par la masse du territoire japonais ; pour aller de l’une à l’autre, il fallait longer les côtes ennemies sur une grande longueur ou faire un énorme détour[1].

Le Japon bénéficiait donc d’une situation géographique exceptionnelle que la Russie ne pouvait contrebalancer qu’en adoptant des dispositions spéciales.

La guerre n’a pas éclaté subitement. Le Japon s’y préparait avec fureur depuis plusieurs années ; et, si la Russie espérait bien pouvoir l’éviter, elle ne devait pas moins se prémunir contre une éventualité qui devenait de jour en jour plus probable. Les conditions stratégiques au milieu desquelles allait se dérouler le conflit étaient donc parfaitement connues d’avance ; les avantages et les inconvénients qui en résultaient pour chaque adversaire devaient semble-t-il avoir été pesés depuis longtemps, afin de tirer parti des uns et de pallier les autres dans la mesure du possible.

Cette étude raisonnée a bien été faite par le gouvernement japonais ; les erreurs de principe qui ont été commises par les Russes montrent que ces derniers l’ont négligée. Rien ne prouve avec plus d’évidence que la guerre n’est pas une affaire d’intuition, qu’elle a besoin d’être retournée sous toutes ses faces sous peine d’aboutir à une mauvaise utilisation des forces.

  1. C’est cette dernière solution qu’adopta le Novik après la bataille du 14 août ; mais, dans le détroit de la Pérouse, la géographie le saisit de nouveau et il succomba.