Aller au contenu

Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

situation analogue ; combien aujourd’hui même oseraient les prendre ?

La tendance actuelle est de poser comme règle absolue que la marine doit, avant toute autre préoccupation, assurer la protection ou plutôt l’inviolabilité des côtes. C’est une sorte de cautionnement qu’on exige d’elle avant de l’autoriser à aller attaquer l’ennemi. Mais, pour garder les côtes, on ne veut plus se contenter des défenses fixes qui ont cependant prouvé leur efficacité ; on immobilise des divisions de cuirassés, on développe les défenses mobiles de torpilleurs et les stations de sous-marins. Finalement, on en arrive à avoir deux flottes complètement indépendantes l’une de l’autre : une flotte d’attaque et une flotte de défense.

Conception doublement fausse : les Russes n’ont pu protéger leurs côtes de Mandchourie malgré la présence de leurs torpilleurs ; les côtes japonaises n’ont pas été attaquées malgré qu’elles fussent dégarnies. Voilà une leçon de choses qu’il ne nous est pas permis de négliger. Si le Japon avait appliqué les principes qui sont en faveur en France, il aurait été conduit à immobiliser le long de son littoral tous ses torpilleurs et une grande partie de ses destroyers[1]. Il n’aurait pu moins faire que de protéger avec des défenses mobiles ses grands ports de commerce, Kobé, Nagasaki, Yokohama, comme nous le faisons nous-mêmes. Pouvait-il aussi laisser dégarnis les détroits de Tsushima et de Tsugaru ? Évidemment non, puisque nous défendons le Pas-de-Calais et le détroit de Bonifacio dès le temps de paix, sans même savoir si l’ennemi que nous aurons à combattre pourra jamais y passer.

  1. Nous voyons en effet que les destroyers font maintenant partie intégrante des défenses mobiles, du moins en France.