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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/31

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Il aurait fallu aussi se précautionner contre les incursions possibles de la division de Vladivostok dans la mer du Japon et le Pacifique, ce qui entraînait la présence à Masampo et à Yokohama de deux divisions de croiseurs cuirassés.

Cela fait, avec quoi l’amiral Togo se serait-il présenté dans la mer Jaune au commencement des hostilités ? On n’aurait pu lui donner que des débris d’escadre et pas un seul torpilleur. Il aurait été en droit de crier à la trahison. Voilà où aurait conduit l’application de doctrines qui ont en France de nombreux partisans.

La guerre est un drame en plusieurs actes. Le premier acte est toujours la conquête de la mer ; il exige la mise en action de toutes les forces. Le second se déroule généralement le long des côtes par ce que le vaincu est obligé de se replier et de chercher un refuge dans ses ports. Ceux-ci disposent alors pour leur défense de toutes les forces qui s’y abritent.

Notre conception de la guerre navale est donc radicalement fausse ; elle ne s’appuie ni sur la logique, ni sur la réalité des faits. Nous considérons comme devant être simultanées deux actions qui sont toujours consécutives. Il ne faut pas avoir deux flottes distinctes ; il n’en faut qu’une, mais qui soit très puissante.

Les forces navales ne doivent jamais être distribuées en prévision du mal que pourra faire éventuellement l’ennemi ce système conduit directement à l’impuissance ; leur rôle consiste à aller le combattre, à le provoquer. Si l’on ajoute qu’il ne faut jamais diviser ses forces mal à propos, que tout l’effort doit se concentrer sur la principale escadre ennemie, on aura résumé les principes stratégiques qui se dégagent de cette première partie de la guerre.