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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/39

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tualité d’un conflit réclamé par l’opinion publique ; alors que toutes les opérations qui devaient découler de la guerre étaient étudiées minutieusement et faisaient l’objet d’exercices incessants ; alors que les forces navales étaient divisées en fractions dont chacune avait reçu une composition répondant à un plan de campagne bien déterminé, l’escadre russe du Pacifique s’endormait dans une fausse sécurité, personne ne croyant ni à l’imminence du danger ni à la valeur de l’adversaire. Les différentes unités de cette escadre n’avaient jamais été groupées d’une façon rationnelle ; les bâtiments n’avaient jamais manœuvré ensemble ; ils ne faisaient jamais d’exercices, de tirs, de sorties de nuit. Pour cette escadre, la première rencontre avec l’ennemi fut le premier exercice ; et certaines pièces de canon tirèrent ce jour-là leur premier coup[1].

Comment l’amiral russe, voyant à l’œuvre dans son voisinage immédiat les bâtiments japonais avec lesquels il pouvait se mesurer d’un jour à l’autre ; comment cet amiral, à la veille d’une guerre qui allait décider de l’influence russe en Extrême-Orient, n’a-t-il pas cru nécessaire d’entraîner ses équipages ? Comment n’a-t-il jamais songé aux éventualités que la guerre ferait naître et aux meilleurs moyens d’y satisfaire ? Il y a là une aberration qu’il importe de mettre en relief parce qu’elle révèle un état d’esprit qui explique, mieux que toutes les raisons d’ordre physique, les malheureuses destinées de l’escadre russe du Pacifique.

Après l’attaque du 8 février et la canonnade du lendemain, l’escadre s’immobilisa dans le port jusqu’à l’arrivée de l’amiral Makharov. Celui-ci, pendant la courte

  1. Grosses pièces du Tsésarévitch.