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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/48

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à l’horizon pour se placer sur la route de l’escadre[1]. Les cinquième et sixième escadres, composées d’unités démodées et d’éclaireurs sans valeur militaire, devaient apparaître plus tard ; mais elles n’arrivèrent pas à temps pour prendre une part active au combat.

L’occasion était belle : il y avait moyen de tirer parti de cette division inespérée des forces ennemies. Si l’escadre russe se jetait sur la première escadre japonaise, et engageait avec elle un combat à outrance, elle pouvait lui causer des avaries sérieuses avant l’arrivée du second groupe qui n’était pas redoutable par lui-même.

Les 6 cuirassés russes n’avaient qu’à engager les 6 bâtiments de l’amiral Togo de très près, afin de forcer ceux-ci à concentrer sur eux tout leur feu ; tandis que les 4 croiseurs, se plaçant sur une aile, auraient pu utiliser leur artillerie sans avoir rien à craindre. Au premier signe de fatigue manifesté par un bâtiment ennemi, il fallait lancer sur lui les torpilleurs sans les ménager.

Voilà ce que commandait la situation.

Au pis aller, que pouvait-il advenir ? Que les Russes ne remportassent pas une victoire éclatante ? Soit. Mais les bâtiments japonais auraient été tellement éprouvés que le terrain se serait trouvé dégagé au moment de l’arrivée de l’escadre de renfort. La première escadre du Pacifique aurait été sacrifiée, mais le sacrifice n’aurait pas été inutile. La guerre n’est pas autre chose qu’un

  1. L’amiral Mathusevitch, dans son rapport, prétend que ces torpilleurs ont semé la mer de mines flottantes. Ce fait n’ayant pas été reproduit dans les autres rapports et ayant été nié par les Japonais, nous n’en avons pas fait état ; mais il n’est pas douteux que ce danger, réel ou imaginaire, n’ait gêné les mouvements de l’escadre russe et ne lui ait fait faire de fréquentes embardées.