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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/49

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sacrifice perpétuel. Si le commandant de l’escadre russe n’avait eu en vue que la gloire de son pays et le succès de ses armes ; s’il avait été pénétré de l’importance capitale de son rôle ; si ses actes n’avaient été inspirés que par le sentiment du devoir, il n’aurait pas hésité un instant il se serait précipité sur l’amiral Togo, décidé à terminer en ce jour le jeu de cache-cache qui durait depuis six mois. Il ne semble pas qu’il y ait songé un seul instant.

Mais, dira-t-on, l’amiral avait en poche l’ordre de l’empereur de se rendre à Vladivostok. C’est entendu. Mais cet ordre se rapportait à des prévisions qui se trouvaient en défaut et, à une situation nouvelle, il fallait des procédés nouveaux. La supériorité de vitesse n’existait pas ; le combat était donc inévitable. Mieux valait alors l’engager carrément que de laisser l’ennemi l’imposer à la façon qui lui plairait. Un chef d’escadre n’est pas un soliveau ; il est là pour prendre des décisions et pour régler sa conduite d’après les circonstances.

L’amiral Togo pouvait, il est vrai, chercher à refuser le combat afin de rallier d’abord sa deuxième escadre ; mais il eût alors été obligé de prendre chasse, ce qui l’aurait éloigné de ses autres groupes, par suite de la position qu’occupait l’ennemi. Cette éventualité, d’ailleurs, n’était pas défavorable aux Russes. Quatre jours plus tard, leurs croiseurs devaient montrer à leurs dépens le danger du combat en retraite, tout bâtiment qu’une cause quelconque force à ralentir tombant fatalement dans les rangs ennemis.

En tout cas, il y avait une faute qu’il fallait éviter à tout prix c’était de permettre la jonction des deux escadres japonaises. Ce fut précisément cette faute qui