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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/54

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vaient leur justification dans cette double préoccupation de l’amiral Togo : opérer sa jonction avec sa deuxième escadre sans cependant perdre le contact de l’ennemi. Les forces qu’il avait immédiatement sous ses ordres mettaient l’amiral japonais en état d’infériorité vis-à-vis des Russes ; il n’avait donc aucun avantage à s’engager avant d’avoir été renforcé ; il était plus logique de retarder la marche des Russes en les occupant par une canonnade à longue portée et de donner ainsi au second groupe le temps d’arriver. Si l’amiral Togo a obéi à des considérations de ce genre, on ne peut que l’approuver. Il a d’ailleurs réalisé son objectif, mais il convient d’ajouter qu’il n’en eût pas été de même s’il n’avait été secondé dans sa tâche par l’amiral Witgheft qui fit tout ce qu’il fallait pour favoriser cette jonction et éviter un engagement sérieux qu’il devait désirer pour les motifs mêmes qui poussaient son adversaire à s’y soustraire.

Il paraît inutile de s’appesantir sur la singulière formation adoptée par l’escadre russe au milieu du combat et qu’elle devait garder jusqu’à la dislocation finale. On ne peut évidemment que déplorer la mauvaise chance qui valut au croiseur Askold de recevoir un obus ; mais il est très difficile de se battre sans recevoir des coups. Si le chef de la division des croiseurs estimait que cette modeste épreuve lui faisait une nécessité de soustraire ses bâtiments à l’action du feu, il devait les éloigner franchement du champ de bataille. En formant une seconde ligne à la gauche des cuirassés, il paralysait le tir de ses croiseurs qui recueillaient tous les coups longs destinés aux cuirassés. De plus, cette formation massée rendait l’escadre peu maniable.