Des deux côtés, on concentre le feu sur le bâtiment amiral de l’adversaire qui, sous cette pluie de projectiles, est touché de temps en temps. Mais, à 6 heures ½, un événement grave se produit. L’amiral Witgheft se tenait avec son aide de camp, à bâbord, sur la passerelle du Tsésarévitch, près du mât de misaine. Un obus traversa le mât, et, en éclatant, tua l’amiral et son aide de camp. Aussitôt le Tsésarévitch hissa le signal qu’il transmettait le commandement. Il appartenait dès lors à l’amiral Oukhtomskii, qui était sur le Péresviet, de prendre la direction. Cependant le signal resta battant sans que le Péresviet mît l’aperçu. À défaut d’ordres, le Tsésarévitch, qui était chef de file, conserva la même route.
Cette situation bizarre d’une escadre sans chef effectif aurait pu se prolonger longtemps ; un coup heureux de l’ennemi vint y mettre fin. À 7 heures ½, un obus de 305 millimètres vint exploser contre le blockhaus du Tsésarévitch, dans la partie comprise entre le chapeau et la muraille. À l’intérieur de ce réduit se trouvaient le chef d’état-major, le commandant[1], 2 lieutenants de vaisseau et 4 matelots. En un instant, il ne resta plus sur la passerelle que des morts ou des blessés évanouis[2], tandis que l’appareil à gouverner et tous les moyens de communications réunis dans le blockhaus étaient mis hors de service ; la barre, qui était sur bâbord, resta dans cette position. Le bâtiment fut abandonné à lui-même. Venant sur la gauche, il jeta le
