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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/72

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chez les Russes[1]. Les Japonais en ont tiré un bénéfice évident : des milliers de coups de canon tirés sur la passerelle du Tsésarévitch par les 26 pièces de gros calibre et les 48 pièces d’artillerie moyenne qui armaient le flanc bâbord de la ligne japonaise, deux coups ont été au but et tous deux ont produit des résultats inespérés ; l’un a tué l’amiral Witgheft, l’autre a produit l’incident du vaisseau errant.

Si la flotte russe a moins souffert, cela tient uniquement à la qualité des projectiles japonais. Les premières personnes qui visitèrent le Tsésarévitch, après son arrivée à Tsing-Tao, furent frappées par ce fait que l’intérieur du bâtiment était presque complètement indemne ; il l’eût été complètement si un obus n’avait pas fait explosion dans l’avant-carré des officiers, détruisant quelques cloisons. Les Japonais avaient sans nul doute des obus de rupture ; mais ils crurent obtenir des résultats meilleurs en constituant l’approvisionnement de leurs navires avec des obus à grande capacité d’explosif qui sont d’une extrême sensibilité[2].

On comprend qu’un pareil armement soit absolument impuissant contre des navires cuirassés. Si, du côté des Russes, le commandement n’avait pas perdu la tête au premier incident, les Japonais auraient été obligés de quitter le champ de bataille après s’être épuisés en efforts stériles. On a d’ailleurs de sérieuses raisons de croire que, au moment où l’amiral Oukhtomskii a commencé

  1. C’est sur l’Askold que le groupement est le plus sensible ; mais les croiseurs japonais qui l’attaquèrent, à la tombée de la nuit, apprécièrent mal sa vitesse, et la gerbe, au lieu d’atteindre la passerelle, s’est abattue sur l’arrière.
  2. La proportion d’obus de rupture paraît avoir été très faible.