Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Charlot, vous le savez, réagit mal, physiquement et moralement au chagrin que lui a causé la mort de sa jeune femme. Il m’écrit même ceci, écoutez bien : « Je vais au-devant du danger, moins pour tromper ma douleur que pour en finir avec elle, heureux si une flèche ou une balle iroquoise me réserve cette consolation de mourir utilement pour les miens…

– Père, fit Perrine, les lèvres tremblantes, vous ne m’épargnez guère la vérité… Oh ! Charlot, Charlot, avoir osé écrire ces paroles cruelles, à deux pas du berceau de ses enfants… et près de sa sœur qui ne vit que pour lui et pour eux.

— Ne le connaissez-vous pas mieux encore, votre frère ? Extrême en sa douleur comme en sa bravoure, comme en ses affections, comme en ses décisions. Sa fougue naturelle l’emporte sans cesse, et avec une sincérité parfaite. Que pouvons-nous devant des gestes qui se rient de toutes prévisions ?

— Oui. vous le connaissez mieux que moi… car je croyais le cœur de Charlot plus attaché à nous tous…

Un pli d’amertume se dessina autour de la bouche de Perrine.

— Enfant, soyez indulgente à ceux qui faiblissent sous le poids de la croix… Aidez-leur à la porter.

— Si je ne suis pas heureuse, est-ce que Charlot ne souffrira pas du contre-coup ? Alors,