Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/174

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— Comment cela ?

— Tu n’ignores pas à quel danger est exposé André en ce moment. Les Iroquois nous épient, nous harcèlent, attaquent et tuent de tous les côtés, et cela, paraît-il, de Ville-Marie à Tadoussac.

— Tu me fais mal, Charlot ! Sois plus confiant… Regarde-toi ! Est-ce que tu ne t’es pas tiré sans cesse d’entre leurs griffes ?

— À quel prix, Perrine ! Chaque jour je me sens mourir !… Oh ! pardon, pardon, ma bonne petite sœur… je suis une brute de parler ainsi… Ne prends pas cet air de détresse, tu me navres…

— Charlot, si je croyais qu’un grand sacrifice obtiendrait ta guérison… je le ferais… je sacrifierais même…

— Chut ! ma sœur. Tu vas déraisonner. C’est toi en ce moment, vois-tu, qui est la plus nécessaire à mes petits. Ils t’aiment… comme ils auraient aimé leur mère. Ils ne seront jamais malheureux auprès de toi et… d’André. Et si je pars…

— Charlot !

— Je suis un soldat, Perrine, la mort, je la regarde en face chaque jour. Elle ne m’effraie pas. Je sais aussi qu’elle n’est jamais loin d’une proie facile comme je le suis devenue… Ouf ! cela me fait du bien de t’avoir ainsi parlé…

Tu me brises le cœur, Charlot, pourtant.