— Negabani, je te le demande encore, quelle raison a eue ton enfant pour agir ainsi ? Est-ce que mon beau-frère lui plaît ?
— Au contraire, elle ne peut pas le souffrir. Il n’y a que vous, mon capitaine, qui lui plaisiez, mais je lui ai bien défendu de vous ennuyer. Et si j’apprenais que…
— Laisse, mon ami. Je puis régler cela moi-même, va. Et j’apprécie assez tes services et ton dévouement pour ne pas t’embarrasser là-dessus.
— Mon capitaine, figurez-vous, qu’hier, lorsqu’elle a osé s’approcher du capitaine de Senancourt, c’était parce qu’elle apercevait son Huron, non loin, dans les bois. Il la regardait et la menaçait. Elle a voulu le pousser à bout, exciter sa jalousie… afin de le forcer à l’épouser plus tôt. Elle a réussi. Ce Huron a eu l’audace d’entrer chez nous et de la réclamer pour femme, hier soir. Oui, il demande ma fille, mon enfant sur laquelle je veille comme sur moi-même… Je l’ai renvoyé cet audacieux, avec des injures… Mais cette ingrate qui est là, contre le mur s’est approchée de moi, alors, et m’a dit : « Tu ne veux pas que j’épouse Atando que j’aime et que j’aimerai toujours, eh bien ! je me sauverai une nuit… et jamais, jamais tu ne me reverras… » Oh ! mon capitaine, je suis d’abord resté sans voix… puis, la colère m’a aveuglé, je l’ai saisie, frappée, puis attachée