X. — TEMPS D’ALARMES
Le surlendemain de son arrivée à Ville-Marie, Perrine reprit ses habitudes de piété et de travail. On la revit à la messe. Elle avait lieu chaque jour, pour les femmes, à la chapelle de l’Hôtel-Dieu, à huit heures. La première fois qu’on y retrouva Perrine, le plaisir fut vif, chez toutes ces jeunes femmes, que la vie difficile, dangereuse, hardie, que l’on menait à Montréal, rapprochait singulièrement les unes des autres. Si souvent, on avait à supporter les mêmes douleurs, à ressentir les mêmes poignantes inquiétudes. Et toutes avaient de nobles cœurs, beaucoup de courage, de la bravoure héroïque, à l’occasion.
Quelles questions embarrassantes l’on posait à Perrine, sembla-t-il d’abord ! Mais la jeune femme, qui voyait clair en son cœur maintenant, répondait avec une sérénité dont elle était elle-même étonnée. Sans exagérer le moins du monde, elle avouait son chagrin d’être de nouveau séparée de son mari. « Mais, ajouta-t-elle, la vie d’une femme de soldat est faite, hélas ! de ces sacrifices, de ces séparations imprévues !