Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/193

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— Certes ! Mais les yeux bleus de cette mignonne en rappellent d’autres aussi ! — Puissent-ils être moins mélancoliques que ceux de sa maman ! reprit la jeune femme en soupirant.

— Écoutez, ma chère Isabelle, reprit la voix courageuse de Madame d’Ailleboust, je ne sais pourquoi, vous vous abandonnez ainsi à la tristesse. Votre mari est un héros… invincible ! Quel Iroquois pourra jamais l’abattre !

— Catherine, vous avez raison. Près de vous et de Perrine, je me sens d’ailleurs l’âme en assurance. Mais sitôt que je suis seule, d’obscurs pressentiments me hantent. Et les événements ne nous donnent-ils pas plus que notre part d’inquiétudes ?

— Isabelle, songez à Perrine… La voilà pour la deuxième fois séparée d’un mari qu’elle connaît à peine… mais qu’elle aime bien tout de même. Son sort pénible eût pu être le nôtre. Nous sommes, comme elle, femmes de vaillants soldats.

— Oui, Catherine, dit Perrine, en baissant la tête, mon sort est pénible… et…

À ce moment, une petite voix d’enfant s’éleva très haut.

— Je m’appelle Lise, Lise, Lise, maintenant… Demande à tante Perrine, si tu ne veux pas me croire, Barbe d’Ailleboust.