Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est cela, fit sa femme, en se levant pour tout préparer.

— J’aiderai à votre mari, dit Charlot, nous servirons tous trois notre bon peuple fidèle. Voyez ! ce peuple se sent à cet instant à Québec… Regardez les Closse, puis M. de Maisonneuve ? Ah ! si j’étais ma sœur Perrine, je leur ferais d’incroyables récits. S’en apercevraient-ils seulement ? Pourvu qu’on parle de Québec… Mais la blonde épouse du capitaine de Senancourt ne sait que dire la… pâle vérité.

— Ou la sanglante vérité, hélas, capitaine Le Jeal, repartit vivement Catherine d’Ailleboust. Les nouvelles sont-elles assez tristes partout, aux Trois-Rivières surtout. Avez-vous appris d’autres incidents pénibles mon ami ? demanda-t-elle à son mari. Cet enlèvement du jeune François Hertel me navre. Sa mère doit être folle de douleur.

— Non, seulement, nous faisions tout à l’heure le compte des disparus depuis quelques mois. Il y a bien soixante-dix des nôtres, figurez-vous, qui manquent aujourd’hui à l’appel.

— C’est à faire frémir ! Et vous êtes tous, plus braves que prudents… Qui sait si demain ne nous réserve pas de pires douleurs, finit-elle plus bas.

— Catherine, quelle mélancolie !… Vous n’êtes pas ainsi d’habitude, dit son mari avec un peu d’inquiétude. Est-ce que vous vous seriez trop fatiguée depuis le matin ?