Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/206

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art… Oh ! que l’on faisait le guet avec soin ! Car les Iroquois se cachaient partout. De Tadoussac à Montréal, on n’entendait parler que de leur tueries, de leurs crimes de toutes sortes… Personne ne se sentait en sûreté. Des réduits avaient été construits partout, par ordre du gouverneur.

Aux Trois-Rivières, le deuil semblait tout recouvrir. En parlant de ce coin de terre ensanglanté, le capitaine de Senancourt eut des mots de tendre pitié pour les familles Godefroy et Hertel… Dans la première, on pleurait la mort d’un des fils de la maison, tué héroïquement dans un combat où l’on s’était battu un Français contre vingt Iroquois. Chez les Hertel, le fils adoré de la maison avait été fait captif, et l’on restait sans la moindre nouvelle de lui… La mère, la bonne Marie Marguerie, tirait les larmes avec ses grands yeux en détresse, qui restaient sans pleurs…

Puis le capitaine de Senancourt rappelait la bonté des Repentigny à son égard. Il habitait sous leur toit, dès qu’un congé lui était accordé. Et n’avait-on pas même songé à lui donner la chambre que sa femme avait habitée avant leur mariage… ?

Le cœur de Perrine se dilatait de plus en plus en lisant la lettre que son mari avait écrite avec tact, bonté et une pénétrante intelligence…