Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/83

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rien. Je consens, voilà tout.

— Vous êtes gentille, Perrine. Mais… acheva-t-il seul et plus bas, peut-être ai-je eu le mot, le vrai mot de la situation. La pauvre enfant joue admirablement son rôle… pour l’amour de son frère !


VI. — UN PETIT INCIDENT


Madame de Repentigny se mit à la tâche dès le lendemain, aidée de sa fille, l’active et sérieuse madame Jean-Paul Godefroy. Un trousseau, aussi élégant que simple, fut préparé à la hâte. Car Charlot maintenait sa décision. Il retournerait le plus tôt possible dans sa maison de Ville-Marie.

Perrine souriait, mais devenait chaque jour un peu plus pâle, un peu plus fébrile. Elle disparaissait vers cinq heures, chaque après-midi, profitant des courses d’un des serviteurs de la maison pour ne pas s’éloigner seule et inquiéter ainsi son frère. Elle se rendait à l’église. Elle demandait le courage de tenir jusqu’au bout le rôle de la fiancée heureuse. Elle en voulait à André, quoi qu’elle fît, d’avoir disposé, presque par force, de sa vie, de ses sentiments, de sa personne. L’aimait-il d’ailleurs autant qu’il le disait ? Il y avait de l’ironie, une sorte de défi, dans le regard qu’il posait sur elle, dès qu’elle entrait au salon, après cette sortie où elle avait voulu être seule… Qu’il se blesserait facilement ! Pourtant, elle lui avait avoué ce besoin d’indépendance, dans