Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/94

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Ce souvenir remontait à l’esprit de la jeune fille tandis qu’elle glissait sans bruit à travers la chambre, regardant avec émotion tous les objets familiers qu’elle ne reverrait bientôt plus. Car dès le lendemain de ses noces, elle se mettrait en route pour Ville-Marie. Ainsi en avait décidé Charlot, qui cachait mal son impatience de se trouver de nouveau chez lui. L’occasion était propice d’ailleurs pour retourner à Montréal. Le Père Le Moyne, jésuite, des colons, plusieurs canots sauvages s’y rendaient. De la sorte, une solide escorte protégerait sa sœur, ses petits et la vieille Normande. Le capitaine de Senancourt avait acquiescé de la tête à ces projets, tout en se tournant soudain vers Perrine, avec ces mots : « Ma fiancée a voix au chapitre, Charlot. Demande son avis, je te prie ». — « Oh ! Perrine ne se mettra jamais en travers de nos projets, voyons. C’est une femme trop sensée » — « Une femme sensée sait vouloir ou ne pas vouloir, tout de même. Je me trompe, Perrine ? » avait demandé André, en insistant de la voix. — « En ceci, André, je n’ai certes pas à me montrer récalcitrante… Faites à votre guise, allez, reprenait Perrine, haussant en souriant les épaules. » Tout de même, la jeune fille s’était sentie heureuse de la déférence d’André, ce soir-là.

On frappa à la porte. La tête fine et rieuse de Mme Godefroy parut dans l’embrasure.

— Réveillée, la belle enfant ? demanda la jeune femme, les yeux vers le lit. Puis, le trou-