Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/122

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toutes les transformations, pour parvenir à ses fin, elle n’eût pu le reconnaître sous son étrange accoutrement. Les cheveux de Jean, d’un blond fauve, étaient abondants et en désordre, ses sourcils et ses cils se voyaient la même teinte : des taches de rousseur marquaient sa figure. Une paire de lunettes voilait le feu de son regard. Un maillot et une courte tunique sombres, usés, sans le moindre ornement, l’enveloppaient. Mais ce qui le rendait surtout méconnaissable, c’était l’expression d’indolence et de niaiserie de sa physionomie.

Tandis que Paule et Jean s’affrontaient en silence du regard, l’aveugle, n’entendant plus sa sœur, éleva la voix : « Paule, tu n’es plus là… »

Jean fit signe à la jeune fille qu’il désirait répondre à sa place… Ah ! quel timbre faux, sans inflexion, résonna : « Vous dites, monsieur ? »… L’aveugle sursauta. Il fut debout.

« Que faites-vous ici, l’ami ? demanda-t-il. Poursuivez votre chemin… Vous faites erreur. Paule, Paule, viens ici ! »

Deux éclats de rire répondirent à cet appel. Jean s’approcha, serra les mains de l’infirme en lui disant de sa voix redevenue naturelle : « Ne craignez rien. Ce n’est que votre ami Jean, cher Marc. Votre méprise me fait plaisir, allez. Voyez-vous je voulais m’assurer auprès de votre sœur et de vous de la réussite de mon travestissement. Je vois que cela ne va pas mal. Paule, d’abord, n’étaient son sang-froid et sa pénétration, m’aurait certainement lancé quelque chose à la tête en m’apercevant. Vous, mon cher Marc, ma voix contrefaite a trompé votre oreille pourtant bien déliée… »

Un silence suivit ces paroles. Jean reprit bientôt