Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jean revint se placer en faction près du bureau du seigneur de Rochelure. Il se croisa les bras. Peu à peu, sa tête se baissa et il se prit à réfléchir longuement. Quelle conduite allait-il tenir ? Que tenterait-il ? Il semblait bien près d’atteindre le but. La lettre du roi et la montre enchantée se trouvaient ici, à sa portée, et il n’avait sans doute que quelques pas à faire pour rentrer en possession de ce qui lui appartenait et lui avait déjà coûté bien cher. Mais où reposaient ces trésors ? Les yeux de Jean parcoururent en tous sens la vaste pièce luxueuse. Tâche ardue et ingrate !… Il lui faudrait fouiller chaque coin, remuer les meubles, déplacer les objets susceptibles de dérober quelque chose à la vue. Ah ! Dieu que ces vilains gestes d’espion lui répugnaient ! S’y résoudrait-il jamais ? Et cependant, non, sûrement non, il ne quitterait cette pièce les mains vides. Cela, il l’avait résolu dès le premier instant… Jean réfléchissait toujours !

La porte s’ouvrit brusquement Rochelure entra.

Quel changement ! Il eut été difficile pour Jean de rencontrer un regard plus rayonnant que celui de son ennemi, une attitude criant plus haut le triomphe, la victoire, une victoire complète, finale, aussi merveilleuse qu’inattendue.

D’un pas vif, Rochelure approchait. Il posa un instant sur les épaules de Jean deux mains frémissantes.

« Hé ! hé ! receveur, vous voyez devant vous un homme heureux ! Enfin, le grand, l’unique, le cher rêve de ma vie, celui pour lequel j’aurais au besoin vendu mon âme au diable, va bientôt s’accomplir. Le roi m’accorde la main de sa fille, de la belle et fière Aube. Dans huit jours les fiançailles seront officielles, et dans un mois… Mais… Ah ? ça, qu’avez-vous, l’ami ? »

Jean chancelait. Tout tournait autour de lui. Il