Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/156

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dont le regard haineux faisait peine à voir, fut choisi. Il s’approcha de Jean.

« Insolent receveur, écoute d’abord notre réponse à ta demande d’impôt. Plutôt que de te donner un seul sol, tu entends, un seul sol, nous irions avant jeter notre argent, gagné au prix de quelles peines, de quelles sueurs, dans le lac voisin d’ici. Tu n’auras rien de nous, cette fois, rien.

— Rien, rien, voleur, répéta la foule, voleur ! voleur !

— À mort le voleur ! cria une voix.

— Eh ! là, l’ami, pas si vite en besogne, reprit le beau gars de sa voix puissante. Ne nous volons aucun plaisir… Dites, tous, n’y aurait-il pas quelque petit cadeau à offrir, à ce paladin rouge, avant de l’envoyer se divertir chez Satan. Pensez-y bien, voyons !… Apportera-t-il chez Lucifer tous les nombreux coups qu’il nous a donnés ?… Dites, dites ?

— Ah ! ah ! ah ! ricana la foule. Bien trouvé ! Frappons-le, frappons-le ? Et tout de suite !…

— Non, pas tout de suite. Attendons le moment où il s’amusera à grimacer au bout de sa corde de chanvre. Alors, sur son honnête petit dos de receveur, nous appliquerons, chacun à notre tour, un coup de bâton. Der-