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Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/161

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Il saisit les mains de la jeune fille. Il interrogea, angoissé.

« Paule, Marc… n’est pas… ? » Il fut debout.

Elle eut un bref sanglot, puis murmura : « Oui, Seigneur. Il… il est mort… avant-hier… dans mes bras. »

Jean baissa la tête. Que dire en face de la grande douleur qu’il devinait.

« Ma pauvre, pauvre enfant… balbutia-t-il.

Mais soudain, vivement, il attira Paule dans ses bras. Il l’étreignit. Ma sœur, ma petite sœur chérie ! » dit-il simplement.

Dans un mouvement d’intense gratitude, Paule se blottit toute, un instant, contre le cœur de Jean. « Merci… souffla-t-elle, tout bas,… car, Jean, oh ! Jean, je me sentais si seule,… si seule, maintenant ! »

Puis elle glissa d’entre les bras du jeune homme, et, les yeux effrayés, supplia : « Venez manger, vite,… puis, vous fuirez, Jean. Rochelure et ses hommes approchent. On vous cherche. »

Jean se vit tenu tout de même de secouer un peu la bonne petite Paule.

« Vovons, enfant, qu’est ce que tout cela veut dire ? Rochelure vient ici ? Il me cherche ?… Pourquoi ?… Il faut m’expliquer, je vous assure. »

Mais Paule s’obstinait « Au moins, petite, répondez à cette seule question. Le reste importe peu, croyez-le, et je vous jure que je fuirai… La montre et le parchemin que je vous ai confiés sont-ils toujours en sûreté ? »

Paule eut un gémissement et se voila la figure. Comme Jean était allé rapidement au cœur même de la tragédie. Toute secouée de frissons, sans un mot, elle sortit alors d’un pli profond de sa mante les deux objets, et les tendit à Jean. Sur le parchemin jauni s’étalaient des taches de sang et le trou d’une balle.

Terrifié, Jean arracha les objets des mains de Paule. Il la regardait, puis revenait au parchemin ensanglanté.