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CHAPITRE XII.

Où un peu de justice se fait !


Il n’était que cinq heures de l’après-midi et le soleil disparaissait déjà derrière les nuages bleuis qu’amassait et poussait un vent violent. Jean, sombre, très las, vint se jeter au pied d’un arbre. Il n’en pouvait plus. Cette longue attente silencieuse le brisait. Il venait à peine de fermer les yeux qu’il entendit, ô bonheur, remuer doucement une lourde branche à sa droite. Il se pencha, poussa un soupir de soulagement, et d’un bond fut auprès de Paule.

« Enfin ! s’exclama-t-il. Petite, petite, quelles heures pénibles je viens de passer ! »

La jeune fille acquiesça de la tête. Puis, désignant son cheval, à quelques pas : « Jean, voulez-vous mettre ma bête en sûreté,… près de la vôtre. Attendez !… Prenez avant ce pistolet, cette épée. Je ne crois pas me tromper. On nous poursuit.

— Une ou plusieurs personnes, Paule ?

— Une seule. Les espions, d’ordinaire, ne voyagent pas en caravane.

— Qui vous fait croire que ce soit un espion ?

— À un tournant, j’ai mis, tout à coup, ma monture au pas. Le mystérieux cavalier m’a croisée, en dissimulant sa figure sous un large col. Je n’ai pas, depuis, aperçu cet homme.

— Je veillerai donc on vous écoutant, mon amie. Soyez sans crainte. Je connais cette forêt, ses bruits les plus légers, ses moindres sentiers. »

Et Jean, ayant obéi à Paule et vérifié une fois de plus l’état de ses armes, vint se rasseoir à ses côtés. Il se plaça un peu en avant de la jeune fille. Celle-ci, la tête renversée, les yeux clos, s’appuyait au tronc de