Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/181

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— Ma fille, pourquoi ? Est-ce que, vraiment, ce serait votre place au milieu de joueurs en désarroi, en pleine tragédie sanglante, parait-il ?

— Oh ! qu’importe… je vous en prie, laissez-moi vous suivre, insista la princesse, en levant sur lui des yeux angoissés.

— Venez alors, mon enfant… Général, continua le monarque, en s’adressant au vieil officier, qui avait suivi, à distance, la tremblante petite Altesse, veuillez ne pas quitter la princesse. Dès qu’il lui plaira de s’éloigner, vous l’accompagnerez jusqu’à ses appartements. »

Le roi reprit en hâte sa marche. Il pénétra dans la salle du jeu où l’accueillit le préfet de police fort désemparé par le malheureux incident. D’un coup d’œil le souverain put juger de la gravité de la situation. Au centre, il vit Rochelure, à moitié renversé dans un fauteuil, le front bandé, et suivant avec une impatience et une rage visibles, les mouvements d’un chirurgien qui pansait une blessure à son bras droit. Autour de son fauteuil, des seigneurs s’étaient groupés. Leurs regards, empreints d’une fausse sollicitude, dissimulaient mal la satisfaction de voir, enfin, le duelliste redouté qu’était Rochelure, battu et humilié. Un peu plus loin, à droite, se tenait le jeune et victorieux adversaire. Debout, encore revêtu de son masque, il avait fièrement rejeté la tête en arrière et posé les mains sur son épée nue. Plusieurs officiers, dans l’enthousiasme, l’entouraient en l’observant. « Qui était-il, mais qui était-il donc, cet élégant chevalier blanc ? » se demandaient-ils.

À l’arrivée du roi, tous s’inclinèrent respectueusement. Soudain, l’épée glissa d’entre les mains du chevalier inconnu. La princesse Aube entrait…

« Souffrez-vous, Seigneur ? Dans la chaleur du combat, vous auriez été blessé, peut-être ? » s’enquit à voix