Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/182

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basse, un des voisins du vainqueur en venant à son aide.

Jean fit signe que non. Il se redressa, détournant son regard de celui de la princesse. Il n’y lisait que trop son effroi, sa peine, ses reproches. Mais qu’y pouvait-il maintenant ?… Ah ! pourquoi, pourquoi n’avait-on pas empêché la douce enfant d’accourir en un pareil endroit ? »

Le roi prit place autour d’une table avec quelques dignitaires de la couronne. Le tribunal sommaire était plus que suffisant pour juger une cause déjà perdue… La princesse demeura en arrière. Avant de procéder à l’interrogatoire, le roi jeta de nouveau vers sa fille un regard rempli d’une muette supplication. « Elle lui semblait pâle, bien pâle, sa chère petite Aube ! Sans doute, le spectacle de Rochelure blessé lui causait une vive impression ? Que ne s’éloignait-elle, hélas ! »

La princesse baissa les yeux, mais ne bougea pas.

Le roi, toujours soucieux, reprit sa ferme attitude habituelle, et s’adressa à son public attentif.

« Messieurs, prononça-t-il, en parcourant des yeux les divers groupes, avant que rien ne soit résolu, veuillez enlever vos masques. »

On obéit avec empressement. Tous les regards se portèrent vers l’adversaire de Rochelure. Qui était-il ?… Personne ne le connaissait. On parut de plus en plus mystifiés. N’eut été ce mouvement général de curiosité, chacun eût été frappé de l’expression de stupeur, puis de haine satisfaite, qui se joignit sur la figure de Rochelure, à la vue des traits de Jean. Il sembla prêt à bondir, les dents serrées, le corps raidi, toute sa vigueur reconquise. Il dit quelques mots au chirurgien, qui haussa les épaules, mais relâcha aussitôt le bras blessé, qu’il tenait encore.