Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/218

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de votre fils, qui pleure sur vous, près de vous. »

Puis, en se raidissant, il se retourna. Très doucement, il prit entre les siennes, à leur tour, les mains miséricordieuses de sa mère adoptive. Avec la même ferveur, l’une après l’autre, il les baisa.

« Mère chérie,… Mère, dit il gravement, — car, sachez-le, je ne vous donnerai jamais d’autre titre, — votre pitié, votre bonté pour moi ont été sublimes. Et elles ne se sont pas démenties, ces qualités de votre cœur, depuis le jour où vous avez reçu, des bras de mon père agonisant, le bébé frêle, sans soutien, presque sans affection. Soyez bénie… Comme je vous aime, ma vaillante mère adoptive, comme je vous aime !… Ah ! pourrai-je un jour vous témoigner un peu de ma reconnaissance ?

— Tu ne m’as jamais causé de chagrin, Jean, ne suis-je pas déjà récompensée ? Comme tes frères, tu as été durant ta jeunesse, ma joie, et ma fierté quotidiennes. Et crois-tu que ta récente conduite généreuse ne me remplit pas d’un orgueil profond ?… Je me dis, vois-tu, que j’ai un peu formé ton âme, sinon ton corps charmant… Mais,… oh ! Jean, Jean, regarde l’heure ! Elle avance beaucoup. Tu m’effraies. Ne dois tu pas voir le roi bientôt ?

— À dix heures. J’ai dix minutes de répit. Ne m’en privez pas. Je voudrais vous poser quelques brèves questions avant de descendre sagement à vos côtés jusqu’à l’antichambre royale. D’abord, comment va mon père, mes frères, Blaise, Paule ?

— Très bien, chacun se porte très bien. Jean, sais-tu que j’ai dû apprendre à Blaise, peu de temps après ton départ, le secret de ta naissance. Il fallait une puissante raison pour le décider à réagir contre son chagrin, et l’empêcher de me causer, par sa mort, une nouvelle et irrémédiable douleur. Blaise, par amour pour moi, est revenu lentement à la vie. Mais, tu ne sais pas quel miracle Paule accomplit en ce moment, auprès de lui, par le seul fait de sa présence. La vigueur