Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/219

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lui revient tout à fait. Jean, ces enfants s’aiment. J’aurai quelque jour de bonheur de les voir unis.

— Blaise et Paul s’aiment !… Quelle joie vous me causez là ! Quelle joie !… Et, maintenant, revenons, si vous le voulez bien, à un événement récent. Dites, mère, je brûle du désir de le savoir, le jour de l’exécution dans la forêt, du pauvre receveur royal, aviez-vous reconnu votre Jean, dans l’officier brutalisé, que vous avez sauvé ?

— Certes, mon petit, tout de suite.

— Et vous ne me l’avez pas fait voir !… J’en eusse été si heureux.

— J’ai cru que tu désirais t’entourer de mystère. Ton déguisement l’indiquait

— Pas pour vous, mère chérie, pas pour vous, voyons ? Ah !… voilà que vous portez encore de pauvres yeux inquiets vers l’horloge.

— Il ne faut pas faire attendre notre bon roi, Jean.

— Bien, bien. Je descends… Mais pas avant que vous m’ayez juré de ne pas repartir pour la forêt sans moi. Jurez, jurez, Mère ?

— Sois raisonnable, Jean. Ne me demande pas cela. Je me mets en route tout de suite en te quittant. Tu viendras auprès de nous plus tard… Ah ! sur cela, je compte bien, par exemple.

— Parfait. Au sortir de l’audience du roi, je saute sur un cheval et vous rejoins. Comme aux jours de mon enfance, je m’accroche à votre jupe… Mère, ajouta-t-il, redevenant sérieux et triste, je ne puis, non, je ne puis rester ici, croyez-moi… Je souffrirais trop !… Ah ! qu’il me tarde de vous confier ce qui fait à la fois le tourment et le délire de mon cœur !

— Il ne faut jamais désespérer, mon petit Jean, jamais,… quoique, parfois, il fasse bien sombre autour de son cœur… Maintenant, viens, quitte ta vieille mère sur ce mot d’espoir. »

Le page attendait Jean à la porte de l’antichambre royale. Ils entrèrent. Tous les regards en un instant furent sur eux. Une curiosité sympathique, mêlée