Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/223

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La princesse garda le même silence et ne modifia nullement son rigide maintien. Peiné, un peu vexé, Jean s’approcha plus près : « Ma cousine, supplia-t-il, ne soyez pas inflexible… »

La petite altesse se retourna. Ses yeux étaient doux, mais lointains. Elle semblait indifférente à tout.

« Ma cousine ? Oui, oui, en effet, duc, vous êtes un mien parent. Ah ! qui l’aurait cru ?… Comme je regrette… »

Elle n’acheva pas et Jean se méprit. « Ne parlez pas ainsi. Je suis si heureux, moi, de vous donner ce titre… Ma cousine, dites… »

La princesse l’interrompit. « Je ne veux pas que vous m’adressiez ainsi la parole.

— Votre Altesse, alors ? interrogea Jean, tout triste.

— Non plus. »

Un peu d’ahurissement parut dans le regard du jeune homme. Il baissa la tête et réfléchit quelques secondes. « Princesse, reprit-il, je crois vous comprendre. Vous désirez, n’est-ce pas, me signifier de cette façon, votre volonté… Vous n’acceptez pas mon geste de réconciliation. Vous ne pouvez oublier les pénibles événements d’hier… Votre bienveillance m’est à jamais refusée. Pourtant, pourtant, c’est bien peu de choses que je vous demande… pas même une parole, ni un sourire, un seul regard clément. C’est tout. Et je partirai aussitôt, je vous le jure… Croyez-vous donc, — et sa voix s’éleva, véhémente, car son chagrin s’exaspérait — croyez-vous donc que je veuille vous imposer de nouveau « l’ingénieuse torture de ma présence », ainsi que vous me le disiez durement, hier… »

« Taisez-vous, de grâce, » murmura la princesse. Elle se voilait la figure de ses mains et Jean vit au mouvement de ses épaules qu’elle frémissait toute.

Il se méprit encore et soupira : « Ne soyez pas ainsi troublée, Altesse. Pardonnez-moi plutôt d’être venu vous ennuyer une dernière fois… Ah ! je ne le vois que trop. Je suis un maladroit. Je n’ai même pas su