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Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/26

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— Oui ? Apprends-moi cela, petit.

— Je suis sûr que tu es concerné dans le secret que nous allons apprendre. Mère serait-elle si chagrine s’il s’agissait d’un autre que toi ? Oh ! mon grand !… supplia-t-il, voyant s’assombrir la belle figure de son frère, ne m’en veux pas de te dire cela. Tu sais bien que, loin d’être jaloux de la préférence de mère, je la partage.

Jean se leva. Il posa avec douceur sa main longue et musclée sur l’épaule de l’infirme.

« Je sais cela, Blaisot. Et aussi que je t’aime, moi, certainement autant que tu m’aimes… Allons,… plus d’attendrissement. Quitte-moi, frère. Tu reviendras au soleil couchant. J’ai beaucoup de besogne à terminer avant l’hiver. »

Et l’infirme parti, Jean lança son refrain d’une voix moins assurée, soucieuse :

« Bûcheron, ton cœur est content !
Bûcheron, frappe, frappe, vlan ! »

Le pressentiment qui tourmentait le cœur de Blaise affectait aussi Jean-le-Joyeux.

CHAPITRE II

LA LETTRE DU ROI


Le lendemain, de grand matin, les fils du bûcheron se réunissaient, comme à l’ordinaire, dans la grande salle où se tenait leur mère. De joyeux propos s’échangèrent. Les haches brillèrent. Puis les ainés, avec un bref au revoir se dirigèrent vers la porte. « Halte-là, mes fils,