Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/27

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prononça gravement le père. Il n’y aura pas de travail dans la forêt aujourd’hui. D’abord Jean, notre Jean compte ses quinze ans, et… »

Des bravos, des cris, des sifflements l’interrompirent. On entoura Jean. On le souleva de terre. On le bouscula. Il évita tous les moulinets des haches dociles, mais attrapa en revanche nombre de crocs-en-jambe. Jean-le-Joyeux ne s’en formalisait point. Il riait de tout son cœur. Il y voyait autant de preuves très… frappantes d’affection. On finit par se lasser de ces embrassades fougueuses. On remarqua que le père restait debout, immobile, sérieux, que la mère, sombre, des larmes au bord des yeux, ne souriait pas de ce fol enthousiasme. On attendit ce qui allait venir, en silence.

Alors le bûcheron parla. Il parla longuement sans qu’aucun de ses fils ne songeât à ouvrir la bouche. La stupéfaction les immobilisait. Le bûcheron vit bien que peu de ses enfants se souvenaient des événements mystérieux qui avaient entouré le baptême de Jean. Il apporta le pli cacheté, la montre enchantée. Il fit voir ces choses précieuses à chacun d’entre eux. Puis il les donna à Jean.

On comprit enfin… on se rendit compte que Jean, le favori de tous, allait partir. Hélas ! reviendrait-il jamais ?… Tant et tant de périls l’attendaient.

Le bruit d’un corps tombant lourdement sur